| Aujourd’hui, elle sert de lieu d’exposition à la MALS. On peut voir à côté le petit parc et le jardin qui ont été réalisés après la destruction de la maison voisine qui était en état d’abandon et la fontaine demi sphérique accolée au mur de la Maison des Princes où l’on peut admirer deux griffons de bronze authentiques et dont l’ensemble ainsi formé rappelle l’ancienne fontaine-lavoir qui se trouvait à la hauteur de l’actuel carrefour de l’Europe.
Pourquoi l’appelle t-on Maison du Prince ? Deux explications peuvent être données. La première et la plus évidente fait référence bien sur aux Princes de Wurtemberg, régents du Pays de Montbéliard et de surcroît du village de Sochaux qui était en fait une sorte d’annexe de Montbéliard.
Le Prince dont il est alors question est sans doute le Prince Frédéric, notre « Grand Frédéric », le Prince de la Réforme, esprit éclairé et ami de l’architecte Heinrich Schickhardt à qui il demandera de réaliser moult somptueux travaux dans le Pays de Montbéliard dont le pont de pierre sur l’Allan à Sochaux en 1604.
C’est sous le règne du Prince Frédéric que sont exploitées les vignobles du coteau sous la Chaux, il fera même édifier au milieu des vignes une imposante statue d’Athéna en bronze sur un socle de marbre tenant le glaive et le bouclier, sur ce bouclier on pouvait lire une éloge au Prince et voir les armes des Wurtemberg, cette statue a été détruite au cours de l’invasion de l’armée des Guise en 1588.
Il y a aussi une deuxième explication à cette dénomination Maison du Prince. C’est dans les Mémoires de la Baronne d’Oberkirch qu’il faut en trouver l’explication. Cette baronne était l’amie de la comtesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg qui possédait une résidence d’été sur les bords de l’Allan à proximité du pont de pierre.
La baronne nous dit que cette résidence était composée d’un salon et deux cabinets de conversation pour se reposer, entre autres elle était ouverte sur un jardin peuplé de statues et de vases antiques, de peupliers ombrageant les allées. Cette résidence était en fait l’annexe du Château d’Etupes et s’appelait les « Rêveries ».
Les Rêveries ont été vendues comme bien national en 1797 puis finalement démolie en 1806 en raison d’un état déplorable.
Pour mémoire, la comtesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg sera l’épouse du Tsar Paul Ier.
La Maison du Prince n’a donc jamais appartenu à aucun prince ou aucun noble, on ne sait d’ailleurs, n’ayant pas de véritables sources précises, quel fut le propriétaire de cette demeure.
Mais elle reste le dernier bâtiment sur pied qui témoigne d’un passé ancien de la ville de Sochaux. Elle a résisté au passage des Ecorcheurs en 1445, des troupes alsaciennes du comte de Thierstein en 1475 et celles de Charles le Téméraire en 1475. Elle a vécu deux dramatiques incendies, l’un en 1588 provoqué par les Guise, ces fanatiques catholiques, qui ravageaient le Pays de Montbéliard protestant et l’autre en 1643, allumé accidentellement par les troupes suédoises qui cantonnaient dans le village pendant la guerre de Trente Ans.
La fontaine de la Maison des Princes rappelle l’ancienne fontaine-lavoir qui était au centre du village, à l’emplacement du carrefour de l’Europe actuel, elle a été démontée dans les années 1950-60. Les deux griffons de bronze sont par contre authentiques mais à l’origine ils étaient au nombre de quatre, deux ayant été perdus au cours des déménagements successifs.
Le griffon représente la Franche-Comté dont il est le symbole et sa queue en « S » figure le « S » de Sochaux.
L’ancienne fontaine servait d’abreuvoir pour les chevaux et les bovins, de lessiveuse pour les lavandières et d’espace ludique pour les enfants. L’obélisque que surmontait la fontaine fait référence à la mode égyptienne très en vogue au XIXe siècle depuis les découvertes de Champollion. C’est un symbole de puissance, de montée vers le ciel, il a une signification quasi-ésotérique.
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