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Témoignage(s) de MARECHAL Odette

Le bombardement de Sochaux

Le 16 juillet 1943, à minuit, nous avons été réveillés par le bruit des avions qui tournaient autour de Sochaux. J'étais seule avec ma maman. Il y avait deux mois que mon papa venait de déceder. Nous nous sommes vite habillées et nous sommes sorties dehors ; il y avait un tas de voisins qui couraient. Au-dessus de nos têtes, il y avait un tas de fusées, tout le monde criait et se sauvait où il le pouvait. Avec ma maman, on est monté au Fort Lachaux, dans une propriété on s'est mises à plat ventre dans un côteau, le ciel était tout rouge.Chaque fois qu'une bombe tombait ca faisait un vacarme épouvantable. Tout le monde criait et se serrait les uns contre les autres. Cela a duré je ne sais combien de temps, mais ca durait trop longtemps. Quand tout a été fini nous sommes redescendues et c'est là que l'on a vu l'étendue du désastre. Ma copine de classe, Anne-Marie Hergott, que l'on surnommait "cocotte", a eu la tête tranchée avec sa mère par la porte de leur garage soufflée par une bombe. Croyant être à l'abri là, elles n'avaient pas jugé nécessaire d'aller plus loin.

Plus loin, quel désastre encore, Monsieur et Madame Gretz ont été déchiquetés. Sous la Côte, Madame Mallegras a été tuée et son fils a eu un bras arraché. Ca sentait le soufre, il y avait un brouillard énorme. Des fils trainaient par terre. Partout, des amas de pierres, des tôles tordues. Toute la matinée, les sauveteurs ont fouillé les décombres pour voir s'ils trouvaient des personnes disparues. Il y avait tout un tas de charettes de paysans remplies de cadavres qu'on emmenaient à la Gauloise, à Montbéliard. Les vitres de ma maison ont explosé.

Les couloirs étaient jonchés de pierres et d'autres projectiles. C'était triste, tout le monde s'aidait et se consolait. C'était affreux. Ensuite, ma maman m'a emmené dans de la famille à nous, sur Bethoncourt.