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Témoignage(s) de VEUILLEMENOT Jean-Pierre

Le bombardement de Sochaux

Quand l'alerte a sonné, il faisait un magnifique clair de lune et tout le monde sortit pour voir s'il se passait quelque chose. Souvent des alertes sonnaient et il n'y avait rien. Soudain, un avion à basse altitude a lancé des fusées éclairantes si bien que l'on se serait cru en plein jour.

La DCA allemande s'est mise à tirer de partout. Il y avait vers le carrefour d'Atlas actuel, un canon sur un camion qui après avoir envoyé quelques salves, démarra contre Etupes et se remit à tirer d'un peu plus loin.

Les premières bombes tombèrent du côté de Montbéliard, en fait c'était sur le Stade de la Forge *. Nous sommes rentrés précipitemment et nous nous sommes mis à la cave. La maison tremblait de partout et il y avait tellement de détonations qu'on ne pouvait pas les compter. Ca a été la peur de ma vie. 20 minutes après, le silence revint. nous sommes sortis. Il y avait trois crayons incendiaires qui brûlaient dans le jardin, mon père prit la fourche à fumier pour les pousser plus loin. C'était du phosphore, on ne pouvait pas les éteindre.

La fin d'alerte sonna. Avec mon copain et voisin, Paul Belfis (décédé en 2001), nous sommes partis à pied à Sochaux où nous avions des copains, pour voir s'ils n'avaient pas eu de mal.

En arrivant à la ferme Pugin, qui abritait un important commerce de chevaux, celle-ci brûlait. Paul me dit : "Les bêtes vont brûler." Alors on a ouvert la porte de l'écurie et 3 à 4 chevaux faillirent nous culbuter en partant au galop vers le terrain de foot situé en face et dans lequel il y avait 3 à 4 trous de bombes.

On détacha quelques vaches aidés par deux hommes qui venaient d'arriver. Puis le plafond s'écroula et le foin tomba en feu dans l'écurie. Il y avait surement encore beaucoup de bêtes dedans.

Les soldats allemands couraient en tout sens mais il n'y avait presque personne dans les rues. Les gens s'étaient sauvés le long de la piste cyclable. Devant l'école, il y avait un gros trou de bombe avec des cadavres autour. Je me rappelle une femme en chemise de nuit blanche toute déchiquetée. Plus loin, à peu près où est actuellement la portière Peugeot, les Allemands avaient installé une batterie de DCA avec de gros remparts de terre autour. Une bombe était tombé au milieu et il n'y avait plus aucune trace de la batterie.

Ne trouvant pas mes copains qui heureusement étaient sains et saufs, nous traînions dans la grande rue quand une patrouille allemande nous arrêta, nous demanda où nous habitions et nous dirent de foutre le camp chez nous vite fait bien fait, ce que nous avons prudemment exécuté.

Le lendemain on vit que le canal avait été crevé vers la piste cyclable et que les gens de la rue du canal avaient été inondés pendant la nuitL Les anciens de Sochaux pourront décrire mieux que moi les dégâts subis par le village.

* aujourd'hui le Stade Bonal