|
Je suis venu à Sochaux à midi, et à minuit c'était le bombardement. Il y avait un beau clair de lune. Nous avons vu les avions puis les fusées éclairantes. Je venais de faire huit mois d'armée, aussi j'avais l'expérience de ce genre d'opération et je savais que cela annoncait un bombardement. Nous avons rassemblé alors nos affaires pour nous apprêter à sortir et les premiers bombardiers ont commencé à larguer leurs bombes hors des usines Peugeot. Une bombe a soufflé alors notre maison alors que nous essayions de sortir, nous avons donc pris l'initiative de sortir par derrière et nous réfugier dans le verger en attendant la fin de l'alerte. Il y avait donc mon frère et son épouse qui était enceinte. Nous avons réussi à atteindre le verger et on s'est couché-là lorsque ma belle-soeur s'est aperçue que l'on avait oublié le grand-père qui était resté au premier étage de l'habitation. Nous avons attendu que les bombardiers s'éloignent quelque peu de notre secteur et nous avons monté les marches e l'escalier qui accédaient au premier étage de notre maison effondrée parmi les gravats et autres débris. Nous avons trouvé le grand-père vivant, bien que choqué. Personne n'a été blessé. Mais d'autres gens n'ont pas eu cette chance ... nous sommes partis voir les dégâts. Il y avait Monsieur Graffe qui n'avait plus de toit à sa maison. Nous étions sinistrés. Nous sommes alors monté à Belvoir pour nous réfugier avant que je retourne rejoindre mon unité au Lomont.
Lorsque j'étais en Allemagne, c'était tous les jours et toutes les nuits que nous subissions des bombardements. Les Américains bombardaient de jour, et les Anglais bombardaient de nuit. Mais là, c'était beaucoup plus fort qu'à Sochaux, le terrain était martelé par les bombes jusqu'à ce qu'il soit rendu " lisse ". En tout, dans le secteur de Nuremberg où je me trouvais avec ma division, il est tombé l'équivalent de six tonnes de bombes.
|
