Janine CHAMPEIMONT

J'avais 6 ans le 16 juillet 1943 et j'habitais Sochaux, rue de Pontarlier. Losque les sirènes se sont mises à retentir pendant la nuit, nous nous sommes levés pour nous sauver du côté de la rue des Chênes, sauf mon père qui en avait marre des alertes.

Ma mère est partie avec ma soeur Pierrette qui avait deux ans.

Mon oncle Pierrot m'a pris sur ses épaules et nous sommes partis du côté de la rue des Chênes. Je me souviens que le ciel était éclairé et que mon oncle s'est arrêté trois fois. La dernière fois c'était près de la maison des Algériens, il y a eu une explosion, une bombe est tombée près de nous et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j'étais dans le champ de l'autre côté de la route. J'appelais mon oncle Pierrot, mais malheureusement il ne pouvait pas me répondre puisqu'il était mort. Il faisait nuit mais le ciel était éclairée par intermittence.

C'est lorsque le bombardement a été terminé et que les gens sont passés sur la route à proximité d'où j'étais que j'ai pu être récupéré par des voisins. J'ai été transportée à l'hôpital de Montbéliard où j'ai été amputé de la jambe droite. Depuis cette nuit d'apocalypse, j'ai l'impression d'avoir deux vies : une vie avant et une vie après le bombardement.