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Témoignage(s) de JACQUOT Lucienne

Le bombardement de Sochaux

Je me rappelle les Cités du Maroc qui étaient détruites là où j'avais mes copines. Je connaissais des personnes par là-bas dont un monsieur qui, aujourd'hui, a eu le bras coupé depuis l'événement et qui vit toujours à Vieux-Charmont et qui est resté triste depuis ce jour.

Tout ca ne s'oublie pas. Les bagarres entre les Allemands, les "boches" comme on disait, et les FFI, les jeunes tués ...ca m'écoeur le fait qu'on ait jamais pu s'entendre et même encore aujourd'hui. J'ai un beau-frère qui a souffert dans cette guerre et les combats de Haute-Saône.

On écoutait les informations sur la BBC et je me souviens qu'il fallait tous se taire à ce moment. J'ai vécu le bombardement à la radio.

Mon oncle et ma tante habitaient les cités à Montbéliard, aussi on a rien subi. Ma mère et sa soeur avaient quand même subi la guerre de 14-18.

Ca faisait mal au coeur de voir Sochaux en ruines mais surtout de ne pas savoir où sont les gens que l'on a connu, c'est ca qui est le plus terrible. Mais pour moi, il n'y a pas que le bombardement, il y a tout le reste. Nous étions obligé de nous taire et de nous cacher et moi qui était déjà peureuse ...

Je pense aussi à mon grand-père dont la ferme a été réquisitionnée par les Allemands et qui a été obligé de donner une génisse; il a du aller jusqu'en ville avec la bête en plein hiver et au bout du compte il est décédé d'une pneumonie, d'une congestion, enfin je ne sais pas trop, mais il n'aurait jamais livré cette vache il serait encore vivant.

Pour en revenir sur Sochaux, ce n'est qu'en novembre dernier de cette année (2002) qui vient de s'achever que j'ai appris qu'il y avait un ami à moi sur les sept personnes non identifiées du bombardement. Je n'ai pas vu le bombardement ni les bombardiers mais c'est en écoutant au poste que j'ai su que Sochaux était bombardé. Je sais que les FFI étaient au courant. Mais il fallait faire attention car en Haute-Saône, les Allemands occupaient les maisons.

Ma famille est allé voir, ils étaient attérés, éffondrés.